CENT APHORISMES
COMPRENANT LE CORPS DE LA MAGIE AU COMPLET
ANONYME
1. Le monde entier est animé par l’Âme primordiale suprême et intellectuelle, qui possède en elle-même la raison séminale de toutes choses, qui provenant de la luminosité des idées de l’Intellect primordial sont pour ainsi dire l’instrument par lequel ce grand corps est gouverné et sont les liens de la chaîne dorée de la providence.
2. Pendant que les opérations de l’Âme sont terminées ou bornées, le corps est généré ou produit selon le pouvoir de l’Âme, sous des formes diverses suivant l’imagination de celle-ci, donc elle possède un pouvoir dénominatif sur le corps, qu’elle ne pourrait avoir à moins que le corps ne dépende pleinement et entièrement de l’Âme.
3. Dans cette production durant laquelle l’Âme se forme un corps, il existe une troisième chose, qui sert d’intermédiaire entre les deux, par laquelle l’Âme se trouve alors jointe intérieurement au corps, et par laquelle l’opération de toute chose naturelle est dispensée, et elle se nomme Esprit Vital.
4. Les opérations des choses naturelles sont dispensées par cet Esprit au moyen des organes, selon la disposition particulière de l’organe.
5. La disposition de l’organe dépend en tout premier lieu et surtout de l’Intellect, qui dispose toute chose ; deuxièmement, de l’Âme du Monde qui se forme un corps selon la raison séminale des choses ; troisièmement, de l’Esprit de l’Univers qui maintient les choses dans une telle disposition.
6. Nulle chose corporelle ne possède en elle-même énergie ou opération, sauf dans la mesure où elle est un instrument du même Esprit, ou animée par celui-ci, car ce qui est seulement corporel est seulement passif.
7. Celui qui voudra accomplir de grands prodiges, doit soit (autant que possible) ôter de la corporéité aux choses, soit ajouter de l’Esprit au corps, ou encore réveiller l’Esprit dormant, à moins qu’il n’effectue l’un ou l’autre de ces procédés ou ne sache comment joindre son imagination à l’imagination de l’Âme du Monde, ainsi travaillant et entreprenant un échange, il ne réussira jamais grand chose.
8. Il est impossible d’extraire tout cet Esprit de quoi que ce soit, car l’existence de ce lien empêche une chose de retourner à sa matière primordiale ou au néant.
9. Cet Esprit se trouve ici et là, ou plutôt partout, en tant que tel libre du corps, et celui qui saura comment le joindre convenablement à un corps, possède un trésor préférable à toutes les richesses du monde.
10. On sépare cet Esprit du corps, autant que possible, soit au moyen de la fermentation, soit en l’attirant vers son semblable qui est en liberté.
11. Les organes par lesquels cet Esprit fonctionne sont les qualités des choses, qui considérées simplement et séparément ne sont guère capable de faire davantage que les yeux ne peuvent voir dénués de vie, en étant rien d’autre qu’une modification de la matière du corps.
12. Toutes choses qui opèrent ne le font que dans un seul et unique but, celui de se créer des choses par lesquelles elles peuvent travailler comme elles-mêmes.
13. Le sujet de cet Esprit Vital se recueille dans le corps, et travaille par celui-ci, et n’est jamais si pur que lorsqu’unit à son humidité mercurielle.
14. Cette humeur ne détermine pas l’Esprit, puisqu’elle est la matière commune des choses susceptibles de devenir n’importe quoi, ni ne se voit-elle des yeux car elle est pure, jusqu’à ce qu’elle ne soit d’abord terminée dans un corps plus solide.
15. Ni les Âmes, ni les purs Esprits, ni les Intelligences ne peuvent travailler sur des corps, sauf par moyen de cet Esprit, car deux extrêmes ne peuvent se joindre que par un milieu, ainsi n’apparaissent des démons qu’après le recours à des sacrifices.
16. Si l’Esprit ou l’Intelligence en charge de celui-ci, étant spécifiés dans une forme d’existence, sont soit dissipés par l’effet du contraire ou changés en une autre chose, ils cessent de travailler à cet endroit, en étant attirés par les esprits vitaux des créatures vivantes et donc s’enfuient, ou plutôt ils cessent de travailler sur des corps, là où des substances âpres ou venimeuses sont utilisées.
17. Les étoiles relient l’Esprit Vital au corps disposé, par la chaleur et la lumière, et par les mêmes moyens elles l’imprègnent dans le corps.
18. Lors de la génération l’Esprit se mélange au corps, et dirige l’intention de la Nature vers son but.
19. La semence des choses est reconnue comme contenant plus abondamment de cet Esprit que n’importe quoi d’autre.
20. La semence ne contient pas autant de cet Esprit qu’il en est nécessaire pour la parfaite production d’une chose, mais l’Esprit interne attire celui, externe, qui descend des Cieux et l’unit en lui-même, et en étant fortifié de la sorte reproduit enfin son espèce.
21. Avant que la semence ne germe ou ne bourgeonne, elle est fermentée, et par la fermentation elle devient disposée à l’attraction.
22. Si le processus de la germination était empêché, avec le développement de l’attraction et de l’assimilation, les choses pourraient enfin se diriger de la semence jusqu’à son esprit en un instant.
23. Ce qui est plus universel encourage davantage l’attraction et dispose davantage la semence à l’attraction, tel que le salpêtre dans le règne végétal.
24. Chaque espèce de choses contient une quantité quelconque de l’universel mélangée à elle, par laquelle sa semence est disposée à l’attraction et rendue fertile.
25. Celui qui sait comment unir artificiellement l’Universel à la semence de l’espèce animale peut produire des poids eternels, en outre la matrice terminée ou l’utérus du moins formellement, et le même principe s’applique aussi aux autres choses.
26. Celui qui sait unir la lumière aux ténèbres peut multiplier les choses dans leur propre espèce, and changer leur nature.
27. L’Esprit Vital Universel qui descend des Cieux pur, clair et immaculé est le père de l’esprit vital particulier qui se trouve en toutes choses, car il l’augmente et le multiplie dans le corps, d’où les corps empruntent leur pouvoir de se multiplier ;
28. Étant donné que l’Esprit Vital primordial gît dans l’humeur mercurielle qui est commune et libre, et que l’Esprit vital des choses particulières réside dans cette humeur mercurielle imprégnée de la vertu du corps auquel elle appartient, que l’on nomme humidité radicale.
29. Celui qui peut joindre un Esprit imprégné de la vertu d’un corps avec un autre, qui par le fait-même est porté à changer, peut produire plusieurs miracles et monstres.
30. La première variété de la disposition des corps découle de la coction diverse de l’Eau.
31. La deuxième, des différents mélanges des trois principes : le Sel, le Mercure et le Soufre.
32. Ces dispositions proviennent des différentes positions des étoiles, surtout du Soleil.
33. Chaque chose contient autant de vitalité qu’il en est requis pour produire les actions naturelles de l’espèce.
34. Rien ne commence à être créé qui n’ait pas reçu au préalable quelque vitalité des Cieux par laquelle cela peut opérer quelque peu.
35. Celui qui sait infuser les Cieux ou le Soleil bénéfiques dans les choses, ou dans les mélanges des choses, peut accomplir des prodiges, et là-dessus dépendent toutes les opérations magiques.
36. Dans la mesure où la disposition ou les sujets sont plus formels, ils reçoivent une plus grande proportion de vie, et travaillent de manière proportionnellement plus puissante.
37. Tout comme dans l’œil, les opérations sont plus nobles que dans les pieds, quoiqu’ils proviennent de la même Âme, parce que ce genre d’organe est susceptible de recevoir une plus grande portion de vie, de même les sujets constellés, en raison de leur aspect formel, reçoivent une plus grande portion de l’Esprit du Ciel et accomplissent des actes nobles.
38. Cet Esprit flue et reflue continuellement des Cieux, et dans cette circulation se trouve pur et sans hétérogénéité, and conséquemment peut être unit à n’importe quelle chose par des moyens merveilleux par un habile ouvrier, et accroître sa vertu en accord avec la disposition du sujet.
39. Le Cœur des Cieux est le Soleil, qui distribue toute chose grâce à la lumière, autant aux étoiles, qu’à la Terre.
40. Opaque n’est rien d’autre qu’un corps en manque de lumière, ou dans lequel la lumière est endormie.
41. Celui qui peut par la lumière extraire la lumière des choses, ou multiplier la lumière par la lumière, il sait comment ajouter l’esprit de vie universel à l’esprit de vie particulier, et par cette addition accomplir des miracles.
42. Le plus de lumière est ajoutée, le plus il y a de vie, et autant il y en a de perdu de l’un, qu’il y en a de perdu de l’autre.
43. Cet Esprit, après le processus final de maturation, commence sur-le-champ à se dissiper peu à peu.
44. La maturation est nulle autre que l’opération de l’esprit proprement irradié vers la perfection de l’individu, jusqu’au plus haut degré possible de sa perfection, à partir des raisons séminales expliquées ou proposées par la Nature ou l’Âme, ou encore c’est une mise en activité de l’Esprit interne jusqu’au plus haut degré possible de ladite activité, ou encore la plus grande illumination de la matière qui puisse possiblement être opérée par une telle lumière.
45. L’esprit se dissipe quand il s’acharne à travailler sur une matière trop rebelle, ou quand le mélange ou la combinaison naturelle d’une chose est altérée par les étoiles, parfois en étant surexcitée elle jaillit, ou quand en étant appelée par son Esprit connaturel il s’envole vers lui.
46. La matière est rebelle quand dû à une combinaison astrale ou température elle ne peut être maîtrisée, en étant attirée par l’esprit, ou quand elle se trouve dans les périodes naturelles au-delà desquelles elle ne peut outrepasser, ni être portée plus loin par l’Esprit, car il est seulement donné tant d’Esprit à chaque chose qui lui soit nécessaire pour atteindre sa perfection voulue.
47. La température d’une chose est altérée par les étoiles de l’horoscope de la nativité qui parviennent à des degrés ou positions planétaires contraires à celles de la naissance.
48. L’Esprit est surexcité par fermentation ou agitation immodérée, car une agitation modérée est nécessaire aux opérations vitales.
49. L’Esprit est appelé par son Esprit connaturel quand il est trop exposé à celui-ci.
50. Dans certaines choses il ne peut pas être appelé par son semblable à cause de sa position droite avec le corps, mais il attire son semblable vers lui et en est très fortifié.
51. La fermentation est l’action de la chaleur sur l’humidité, par laquelle l’humidité est tempérée et soumise à l’Esprit, ou c’est l’affect de l’Esprit qui se circule dans le Corps, qui ne peut pas demeurer dans le même état, vu la fusibilité du Corps.
52. Celui qui au moyen et à l’usage de l’Esprit Universel sait exciter l’Esprit particulier d’une chose donnée vers une fermentation naturelle, tout en apaisant et en stabilisant les tumultes naturels, en réitérant l’opération, peut miraculeusement augmenter les choses en vertu et en pouvoir, l’ultime secret des philosophes.
53. Tout homme sait qu’au moyen de la fermentation, l’esprit est si pur qu’il est possible de l’extraire, mais presque tous les hommes le font sans le fruit de la multiplication, parce qu’ils ne savent pas comment unir un frère avec son semblable.
54. Les choses demeurent dans le même état de nature, en autant qu’elles possèdent suffisamment d’Esprit pour permettre l’exécution en bonne et due forme de celui-ci.
55. Toute chose fermentée opère avec davantage de puissance, car dans les choses fermentées les Esprits sont plus libres.
56. Donc est manifeste la cause de la mort naturelle ou de la destruction des choses, en ce que toute chose tend à la maturation envers sa perfection, et au moment où l’Esprit commence à démontrer sa puissance, par cette mise en activité il se dissipe et disparaît, ce qui enfin est la cause de la destruction.
57. Celui qui serait en mesure de saisir cet Esprit évanescent et de l’appliquer au corps duquel il glissait, ou à un autre du même Esprit, pourrait de cette manière produire des merveilles.
58. De cette fontaine découlent tous les philtres naturels ; car facilement l’Esprit peut être imprégné des qualités d’un autre corps, causant dans les corps de la même espèce une réelle affinité, qui est la cause violente de l’amour.
59. Ces choses sont susceptibles d’intercepter cet esprit particulier qui ont la plus grande affinité dans la conjonction très naturelle des parties, ou qui en application à un corps végétal, sont par un tel contact amenées à un plus grand épanouissement. Ces choses doivent être comprises en ce qui a trait aux corps Pesants, particulièrement de l’Homme, où les philtres sont les plus puissants.
60. Cet Esprit, là où il trouve un peu de matière disposée selon cette affinité, crée puis scelle les composés créés.
61. Là où l’Esprit d’un corps étant marié aux qualités de ce corps est communiqué à un autre corps, il s’engendre une certaine compassion, à cause du flux et du reflux mutuel des Esprits entre les corps respectifs, laquelle compassion ou sympathie n’est pas facilement dissoute, par comparaison avec celle qui se produit par l’imagination.
62. Il ne se produit aucun amour, ni compassion sans qu’il n’y ait mélange des Esprits.
63. Ce mélange est opéré tantôt par application matérielle, tantôt par imagination, et souvent par la configuration des étoiles.
64. Par application naturelle, il est opéré lorsque l’Esprit d’un corps est implanté dans un autre, au moyen de ces choses qui sont susceptibles d’intercepter l’Esprit, et de le communiquer à un autre, et elles se reconnaissent à leurs signes, et par les anciens appelées amatoria, c’est-à-dire ces choses qui s’aiment l’une l’autre.
65. Par imagination, l’amour se produit quand l’imagination exaltée de l’un prédomine sur l’imagination de l’autre, et ainsi le forme et le scelle, et ce procédé peut être opéré très facilement, compte tenu de la volubilité de l’imagination. De là toutes les incantations tirent leur efficacité, car quoique d’aventure elles aient quelque vertu en soi, toutefois cette vertu ne peut pas être distribuée, en raison de leur universalité.
66. En provenance des étoiles, l’amour naît soit lorsque la disposition des étoiles est semblable au moment de la naissance, comme les astrologues l’enseignent abondamment, et ceci est très ferme et très désirable, soit lorsque les rayons bénéfiques des étoiles étant utiles à ce but sont en temps opportun captés dans une matière disposée, et dûment amenés vers l’art, comme la magie naturelle l’enseigne en plus de détail.
67. Celui qui peut à ces procédés ajouter l’Esprit Universel peut accomplir des merveilles.
68. Vous pouvez appeler l’Esprit Universel à votre secours si vous utilisez des instruments imprégnés de cet Esprit, le plus grand secret des magiciens.
69. Celui qui sait comment créer un Esprit vital particulier, peut guérir le corps particulier de ce même Esprit à distance, toujours en implorant l’aide de l’Esprit Universel.
70. Celui qui peut fortifier l’esprit particulier avec l’universel peut prolonger sa vie très longuement, sauf si les étoiles ne se dressent contre ce destin, néanmoins de cette manière il peut prolonger sa vie (dans une certaine mesure) et conserver sa santé, et certains y voient la malice des étoiles, comme doit l’admettre celui qui connait l’habitation de cet Esprit.
71. Une chose ne se putréfie que si elle a subi fermentation au préalable, car il ne se développe naturellement une tendance quelconque que selon l’état.
72. La putréfaction est le signe du déclin de la nature, ou de l’esprit qui se dissipe.
73. Rien ne se putréfie qui n’ait pas grande provision de cet Esprit volatil.
74. Toute chaleur provient de l’Esprit Vital, et l’on dit que cet Esprit est incapable de mouvement ou de subsistance sans chaleur, ou du moins sans être mêlé avec des corps.
75. Tout ce qui est en état de putréfaction contient moins de chaleur interne qu’il y en avait avant la putréfaction, ainsi est-il faux de déclarer que les choses qui se putréfient se régénèrent.
76. Autant il y a d’Esprit qu’il y a de chaleur produite, et autant il y en a de perdu de l’un, qu’il y en a de perdu de l’autre.
77. La chaleur ne peut être excitée ni par la nature, ni par l’art, mais plutôt au moyen de la lumière, qu’elle soit externe ou interne.
78. Celui qui aura nommé la lumière esprit de l’universel sera d’aventure tombé tout près de la vérité, car il s’agit soit de la lumière, soit de ce qui se sert de la lumière comme habitation ou véhicule.
79. Celui qui peut détruire des corps sans le processus de la putréfaction, et dans la destruction joindre Esprit à Esprit par moyen de la chaleur, possède le secret majeur de la magie naturelle.
80. La lumière externe réchauffe en amenant une nouvelle chaleur, ou en activant sa propre chaleur, que la lumière soit déterminée ou indéterminée.
81. La lumière déterminée possède une chaleur désintégrante, telle une chaleur qui brûle toutes choses, donc elle se met en activité sous forme compacte, comme le feu.
82. La lumière indéterminée produit de la lumière, et ne blesse jamais quoi que ce soit, sauf par accident.
83. Celui qui sait comment produire une lumière déterminée à partir d’une lumière indéterminée, sans changer l’Esprit, ni en le recevant autrement que par un intermédiaire commun, sait très bien comment purger les minéraux ainsi que tous les corps solides, sans aucune perte d’humidité radicale.
84. La lumière que l’on qualifie de déterminée et qui possède en elle-même la vie des choses, étant le véhicule de l’Esprit Universel, gît cachée dans les ténèbres ; d’autre part, elle est invisible, sauf pour un philosophe ayant visiblement découvert le centre des choses.
85. La chaleur interne est excitée à cause de l’Esprit interne qui en fait sa demeure.
86. L’Esprit est agité par mouvement ou par fermentation, et parfois ils surviennent simultanément, concourent ensemble pour amener l’agitation.
87. Il y a un troisième moyen secret d’agitation, connu des philosophes, qu’ils sont à même de percevoir lors de la génération et de la régénération.
88. Lorsqu’on opère une distinction entre la fermentation et le mouvement, il faut entendre un mouvement local progressif qui provient de l’imagination et qui incite au mouvement les Esprits vitaux
89. Toute fermentation avortée avant le temps voulu est un signe de la prédominance d’une putréfaction modérée.
90. Celui qui sait comment accélérer la fermentation tout en prévenant la putréfaction, par le maintien de l’Esprit universel propice, comprend la contrition des philosophes, et peut par cette méthode produire des miracles.
91. La putréfaction originelle ne vient pas de l’Esprit, mais du corps, par conséquent celle-ci fut contraire à l’Esprit.
92. Celui qui connaît les Esprits de l’Univers et leur usage peut prévenir toute corruption, et donner à l’Esprit particulier une domination sur le corps, et il appartient aux médecins de déterminer jusqu’à quel point cela pourrait être profitable pour la guérison des maladies.
93. Tout le monde s’accorde maintenant à reconnaître qu’il soit possible d’administrer un remède universel, car si l’Esprit particulier augmente ses forces, il peut par lui-même guérir toutes les maladies, comme l’expérience commune le prouve d’ailleurs, car il n’existe aucune maladie qui n’ait pas déjà été guérie sans l’assistance de médecins.
94. Le remède universel est nul autre que l’Esprit Vital multiplié en un sujet convenable.
95. Celui qui cherche ce remède ailleurs que sur les cimes des montagnes les plus élevées ne trouvera rien d’autre que douleur et perte comme récompense pour tous ses troubles.
96. Les philosophes qui indiquent qu’on doit le chercher dans les cavernes de la Terre, veulent dire la Terre des vivants.
97. Ceux-là qui espèrent le trouver dans le fourneau des chimistes se trompent grièvement, car ils ne connaissent pas le feu.
98. Nulle chose ne possède selon la première intention de Nature davantage d’Esprit qu’il lui en soit nécessaire pour la conservation de son propre Esprit, pourtant en toute chose, grâce à la Nature jouant le rôle sage-femme pour lui, le philosophe peut produire un fils plus noble que son père.
99. La première et dernière couleur des choses est le jaune, car les étoiles et le Soleil sont jaunes, et les choses d’une température moindre comme les planètes semblent vertes, après avoir touché l’atmosphère, ce dernier étant naturellement et très hautement bleu ou azuré, et en travaillant sur les choses jaunes les rend vertes, mais en se solidifiant elles regagnent leur couleur initiale et naturelle ; d’après les choses qui ont été dites ici, il devient possible d’élucider des mystères.
100. L’atmosphère (Air) est bleu, et l’horizon semble bleu sous nos yeux, en un jour de beau temps, et l’air en raison de sa raréfaction est incapable d’arrêter les rayons vitaux vigoureux et rigoureux, jusqu’à ce qu’ils languissent et faiblissent en gagnant de la distance ; alors, les rayons terminés laissent apparaître la couleur natale de l’atmosphère. Et d’en avoir dit autant en ce moment par aphorismes, sauf si vous en faites peu de cas, est d’en avoir dit beaucoup trop.