TRAITE DE CHYMIE, PHILOSOPHIQUE E T HERMETIQUE,
Enrichi des Opérations les plus curieuses de l’Art.
AU commencement qu’il plut au Tout-Puissant créer toutes choses de rien, il mit un très-bel ordre dans la Nature, pour faire que les individus de chaque espece fussent conservez &perpétuez ; ce que les Sages ayant bien considéré, ils ont reconnu que l’or engendre l’or, & l’argent, l’argent, & qu’ils peuvent se multiplier en leur especes.
Les anciens Philosophes voulant donc accomplir leurs Magisteres, ont travaillé par la voie séche, par laquelle ils ont rendu une partie de leur or vo¬latil : & l’ont réduit en sublimé, blanc comme neige, & luisant comme cri¬stal ; & pour l’autre partie du même corps de l’or, ils l’ont converti en sel fixe : après ils ont uni le volatil avec le fixe, & de cette conjonction ont fait leur Elixir ; mais c’est avec grande dépense, longueur de tems, & beaucoup de peine,
Ce qu’ayant été remarqué par les Philosophes modernes, ils ont médité sur les opérations de Nature, & ont reconnu que le Mercure primitif ou premiere matiere, de laquelle elle se sert pour la production des Métaux, est trop simple & éloignée pour leur ouvrage, qu’ils ne pouvoient arriver jusqu’à cette simplicité mercurielle, hors laquelle (quoiqu’on la pût avoir) ils n’eussent su rien faire en l’oeuvre minéral. Pour cette raison ils ont pris le mercure corporel minéral ; par leurs operations ont extrait de l’intérieur d’icelui un esprit igné, minéral, vé¬gétal & multiplicatif : dans la conca¬vité humide duquel est caché & spéci¬fié le mercure primitif, simple, ou quintessence catholique.