LA GENÈSE DES ÉLÉMENTS
William CROOKES F. B. S. V. P. C. S.
PARIS,1887
J’ai, par les termes mêmes choisis pour désigner le sujet que j’ai l’honneur de traiter devant vous, soulevé-une question qui pourrait être considérée comme hérétique. En effet, à l’époque où notre conception moderne de la Chimie commença à s’imposer au monde savant, la plupart des chimistes admettaient les éléments comme des faits ultimes. Ils considéraient ces éléments comme absolument simples, non susceptibles de transmutation ou de décomposition et constituant chacun une sorte de barrière derrière laquelle on ne pouvait pénétrer. Lorsqu’on les serrait de près, ils répondaient que les éléments existaient par eux-mêmes de toute éternité, et qu’ils avaient été individuellement créés dans l’état même où nous les trouvons aujourd’hui ; ils pouvaient enfin arguer que l’origine des élé¬ments ne nous concernait en rien et constituait une question inaccessible à la. Science.
Mais nous ne pouvons, à notre époque d’examen incessant, nous empêcher de nous demander ce que sont ces éléments, d’où ils viennent, quelle est leur signification ? Nous ne pouvons nier, qu’à moins de trouver une réponse approximative à celte question, notre Chimie ne soit, après tout, complètement insuffisante. Ces éléments nous ren¬dent perplexes dans nos recherches, se jouent de nos spéculations et nous hantent jusque dans nos rêves ; ils s’étendent devant nous comme une mer inconnue, railleuse et décevante, dont le murmure semble nous révéler plus d’un étrange Peut-être.
Lorsque je me hasarde à dire que nos éléments ordinairement acceptés comme tels ne sont pas simples et primordiaux, qu’ils ne sont pas sortis du hasard ou n’ont pas été créés sans suite et mé¬caniquement, mais qu’ils ont évolué venant de matériaux plus simples, ou, peut-être, d’une seule espèce de matière...
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