DU TRAITÉ ALCHIMIQUE D’ARTÉPHIUS
Intitulé :
CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE
Par M. E. CHEVREUL
Beaucoup d’hommes sérieux trouvent perdu le temps donné à l’étude des livres de l’antiquité, et surtout du moyen âge, écrits sous l’influence des sciences dites occultes, et dès lors les travaux qui en sont le résultat n’ont, à leur sens, aucune utilité ; mais cette conclusion ne peut être fondée, s’il est vrai que quelque estime soit accordée à l’histoire de l’esprit humain ; car jamais on ne doit méconnaître que l’exposé des erreurs, des aberrations, des absurdités même, auxquelles l’homme s’est laissé aller, fait partie essentielle de cette histoire, et l’écrivain qui la passerait sous silence, narrateur infidèle du réel, serait, auprès de ses lecteurs, le rapporteur partial d’une cause qui, présentée incomplètement, aurait pour terme l’erreur et non la vérité !
Quand on envisage l’esprit humain tel qu’il est en réalité, quelquefois il atteint à une hauteur imprévue, mais le plus souvent il marche dans l’ornière, et longtemps on l’a vu, et même encore on le voit, méconnaissant sa faiblesse, croire qu’il s’élève et qu’un vaste horizon se découvre à ses yeux, lorsqu’on réalité, dupe de l’imagination et sous le charme d’un mirage trompeur, il a négligé la méthode : sans doute elle n’est pas la mère des grandes découvertes, mais elle seule peut donner aux auteurs de ces découvertes la certitude d’avoir trouvé la vérité...
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