INTRODUCTION A L’ÉTUDE DE LA CHIMIE DES ANCIENS ET DU MOYEN AGE
PAR M. BERTHELOT
La science chimique des Anciens avait été jusqu’ici mal connue, surtout en ce qui touche ses origines, ses idées théoriques et sa philosophie ; ignorance d’autant plus préjudiciable qu’elle rendait incompréhensible la doctrine alchimique, qui a régné pendant tout le moyen âge et s’est prolongée jusqu’à la fin du siècle dernier. C’est à éclaircir ces questions, si intéressantes pour l’histoire de la civilisation, que j’ai consacré une grande partie de mon temps depuis six années. L’étude des papyrus grecs, provenant de la vieille Egypte, et celle des manuscrits grecs alchimiques, formant dans les principales bibliothèques d’Europe une vaste collection demeurée inédite jusqu’ici, ont fourni à ma recherche ses principaux fondements et elles m’ont permis de faire entrer dans l’histoire positive une science singulière, réputée purement chimérique et citée d’ordinaire comme la preuve des aberrations de l’esprit humain. J’ai exposé les résultats généraux de mes travaux dans « les Origines de l’Alchimie » et j’ai cru indispensable de publier à l’appui les preuves de ma découverte, c’est-à-dire les manuscrits eux-mêmes.
A cet effet, j’ai traduit d’abord et commenté un papyrus alchimique du III° siècle de notre ère, qui existe aujourd’hui à Leide ; puis j’ai entrepris d’éditer, sous les auspices du Ministère de l’instruction publique, et avec la collaboration d’un savant helléniste, M Ch. Em. Ruelle, une édition princeps de la Collection des Alchimistes grecs. Cette vaste publication, aujourd’hui terminée , forme environ 1300 pages de texte in-4°, avec variantes, traduction, introduction, tables, index, notes et commentaires perpétuels. Enfin, j’ai renoué la chaîne historique, entre ces vieux écrits et les auteurs de l’antiquité déjà connus, d’une part, et, de l’autre, les écrivains du moyen âge, arabes et latins. C’est ainsi que j’ai montré comment les faits et les doctrines, exposés dans ce papyrus et dans les manuscrits, se lient d’une façon directe et intime avec les descriptions naturalistes de Dioscoride, de Vitruve et de Pline l’Ancien, en même temps qu’avec les théories philosophiques de Platon, d’Aristote et des Alexandrins, leurs disciples. De même j’ai établi la liaison théorique et pratique de l’Alchimie grecque avec celle des Arabes, Geber et Avicenne par exemple, et avec celle des Latins, telle qu’on peut la constater au XIII° siècle, d’après Vincent de Beauvais, Albert le Grand, etc.
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